Mettre en scène les éléments de la nature relève depuis toujours du défi artistique. Il s’agira de questionner les changements de représentation du monde dont l’opéra garde la trace, en s’attachant particulièrement à trois moments de son développement : l’émergence du genre quand sont posées les bases d’une cosmologie lyrique inspirée par l’Antiquité, à l’aube de la modernité scientifique ; l’époque romantique où le développement de la société industrielle marque une accélération dans les usages de la nature ; des années 1960 à aujourd’hui, où les inquiétudes écologiques invitent à explorer de nouveaux nouages avec le monde.

 

Les participants du colloque évoqueront la présence matérielle des éléments et du climat dans les théâtres lyriques, qu’ils aient été utilisés ou représentés à des fins artistiques, ou qu’ils aient fait irruption dans la vie des théâtres du fait des dérèglements de la Terre. Le colloque fera alterner paroles de chercheurs et d’artistes, dans des formats de courtes interventions et de tables rondes, faisant dialoguer historiens du théâtre et de la musique, philosophes et scientifiques (histoire du climat, géophysique), afin d’aborder un large spectre de sujets et d’esquisser des pistes de renouveau pour le genre lyrique.

 

La ville de Venise, par la splendeur de son héritage et la vitalité de ses artisanats, mais aussi par les particularités de son site et les risques matériels et symboliques qu’il affronte déjà (montée des eaux, muséification…) est un magnifique lieu d’ancrage pour penser ces mutations successives et les déséquilibres à venir.